D'une ville « trop bien gérée » à l'alerte rouge budgétaire
Généralement, lorsqu’une nouvelle municipalité accède aux responsabilités, il est de bon ton d’expliquer à quel point la gestion de la précédente mandature était désastreuse.
Mais lorsque l’équipe Moncond’huy est arrivée à la mairie de Poitiers, c’est tout l’inverse qui s’est produit.
Le 20 juillet 2020, dix-sept jours après l’arrivée de la nouvelle Maire, lors du conseil municipal, Léonor Moncond'huy saluait « la bonne situation financière laissée par son prédécesseur Alain Claeys ». François Blanchard a saisi la balle au bond pour préciser : « Vous avez parlé d'une bonne gestion des finances publiques par l’exécutif sortant, c'est le fruit d'un engagement politique visant à ce qu'un euro dépensé soit utile, en réalisant des économies pour augmenter l'épargne brute, ce qui permet d’augmenter les investissements. » Robert Rochaud, Adjoint aux finances de la majorité actuelle, ajoutait alors : « Nous pouvons dégager moins d'épargne brute et investir davantage en empruntant, car nous avons une marge de manœuvre. »
À la fin de cette même année, un article de la Nouvelle République relate le rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) : « La chambre des comptes n'a rien à redire sur la gestion de Poitiers pour la période 2013 à 2019. Léonor Moncond'huy en a tiré le constat d'une ville qui dispose d'une situation financière saine, pour laquelle il faut rendre hommage à l'équipe qui nous a précédés ». Selon elle, le rapport dresse un historique pertinent des transferts de compétences de la ville vers la Communauté urbaine : une ville solide et solidaire du nouveau territoire intercommunal.
En somme, on n’était pas d’accord sur les idées, mais s’il y avait bien une chose que la nouvelle équipe municipale ne reprochait pas à l’ancienne, c’était la gestion des finances. Vincent Gatel, Adjoint à la ville accueillante, ira même jusqu’à déclarer : « La gestion (de la ville) était trop saine. » Lunaire…
Cinq ans ont passé et le constat est amer. D’une gestion « trop saine », nous sommes passés à :
- la réduction de l'épargne brute de notre collectivité de près de 29 % ;
- l’augmentation du taux d'endettement de notre ville de 11 % ;
- la dégradation de notre capacité de désendettement d’1,2 année ;
- le recours systématique à des emprunts à taux variables, créant ainsi un risque futur pour notre ville ;
- la chute de l’investissement promis, qui passe de 24 millions sous l’administration Claeys à 19 millions d'euros par an, loin des 25 millions promis, en n’exécutant en moyenne que 69 % des promesses d'investissement ;
- une explosion des dépenses de personnel de près de 17 % sans augmentation du niveau de service public rendu aux habitants ;
- malgré cette augmentation du personnel, la délégation de missions auparavant assurées par les services municipaux à des sociétés privées augmente également.
- Voilà ce que nous enseignent les comptes administratifs présentés lors du conseil municipal du 16 juin 2025, et c’est une vraie claque pour les Poitevins.
Quelle que soit l’issue des prochaines élections de 2026, une chose est certaine : sauf si Moncond’huy est réélue, la prochaine équipe ne pourra plus dire que les finances sont « trop saines ».
Une autre chose est également certaine : six années supplémentaires avec l'équipe de Poitiers Collectif et ses alliés, notamment LFI, nous mettraient dans une situation grave pour notre ville et ses habitants.
Ancrée dans son dogmatisme, la municipalité actuelle ne tient pas compte des habitants et de leurs préoccupations quotidiennes. Il est essentiel que Poitiers et la Communauté urbaine Grand Poitiers se réinventent en adoptant une approche pragmatique de la politique locale, loin des idéologies rigides.
L'écologie ne doit pas s'opposer à la solidarité citoyenne, à la sécurité ni à l'attractivité économique de notre territoire.